lundi 23 juin 2014

Je ne suis pas allé au Hellfest mais j'ai passé un meilleur week-end !


Cette photo n'a rien à voir avec l'article. C'est juste un mur trop cool que j'ai vu en me perdant dans les dédales de Barcelone.


Le solstice d'été annuel est arrivé, introduit par une multitude de manifestations musicales à travers la France. L'espace d'une journée, Toulouse s'est transformée en hypermarché musical accablé d'une immense chaleur. A croire que la climatisation naturelle était aussi opérationnelle que la sono diffusant la Marseillaise lors du premier match des Bleus de cette coupe du Monde 2014. Ainsi pendant les 24h où l'on célèbre la venue de l'été, on a pu croiser des musiciens, artistes, apprentis mélomanes, groupes, ou des passionnés à tout coin de rue essayant tant bien que mal de faire plus de bruit que son voisin situé parfois à 150m de lui. Chaleur + cacophonie ambiante = mal de tête. C'est une somme qu'on pouvait aisément vérifier !

Dans les mœurs actuels et depuis la prolifération des loisirs et du temps leur étant consacré, l'été résonne avec chaleur, apéritif, débardeur, bouée canard en plastique mais aussi avec vacances (et selon l'âge, avec « vacances scolaires »).

Cela fait bientôt 3 ans que je travaille à mi-temps en tant qu'Assistant d'Education au collège de Fenouillet (oui c'est l'appellation officielle du boulot de « pion »). C'est un métier qui m'a plu de part son côté humain, le contact qu'il y a entre élèves et les surveillants, entre les surveillants et le corps enseignant. J'ai connu des gens qui faisait ce métier afin d'avoir les vacances scolaires payées par l'Etat … pourquoi pas, chacun voit midi à sa porte. Mais pour moi c'est avant tout un métier que l'on fait pour les autres. Je n'irais pas jusqu'à employer le terme d'abnégation, mais on en est pas loin. La compréhension de l'individu dans son cadre social, dans ses interactions avec ses pairs, avec les adultes de l'établissement, son rapport à l'enseignement et l'apprentissage... Tout ça sont les côtés cools de ce métier.
Ce collège en question, je l'ai fort souvent comparé au Titanic (bien que n'ayant jamais vu le film). A certains moment l'organisation était catastrophique, il y avait de fortes tensions, des violences verbales ou physiques entre les élèves, entre les adultes, mais aussi entre les élèves et les adultes.

(Notez que je n'emploie volontairement pas le terme d'enfant, car à la vue de certains et de leur conception et de leur investissement au sein de leur équipe respective, on pourrait facilement faire l'amalgame entre l'âge et le comportement).

Au final, pendant ces 3 années, je me suis vu endosser tantôt la casquette de surveillant, tantôt le képi de représentant de l'ordre, de la loi et de la hiérarchie, tantôt le chapeau d'assistant social. Parfois avec plaisir, parfois sous la contrainte.
Il y a aujourd'hui, je trouve, parmi certains élèves de certaines zones, de gros problèmes contractant des frustrations, de la violence non-exprimée, des désirs incompatibles avec le cadre ambiant.
Les auteurs de ces problèmes ?
La société de consommation actuelle et d'obsolescence programmée, où l'individu ne répare plus ce qui est cassé mais le change, où lorsque l'on désire quelque chose, il faut l'avoir dans la minute, où l'ennui n'existe presque plus.
Les familles décomposées, recomposées, brisées. Les mariages étant parfois désacralisés, j'ai eu l'impression au cours de mon expérience que certains parents sortaient tout droit de Las Vegas où un prêtre en tenue d'Elvis obèse leur accordait leur union sacrée.
Seulement quand des gamins font des gamins, qui doit-on blâmer (si l'on doit désigner un hypothétique coupable) ? Quelles solutions temporaires et/ou définitives s'offrent à un « pion » pour palier au manque de respect, d'acceptation de la différence, de compréhension ?

Les enfants sont cruels entre eux.
Selon les belles paroles, au fil de la progression scolaire, la norme pédagogique favorise l'autonomie, la curiosité, l'esprit critique au détriment de l'obéissance et de la soumission. Pourtant mon constat n'est pas le même. Je me permets ici une citation que je trouve ô combien réaliste de l'environnement que j'ai pu côtoyer : « L'élève dans la fourmilière a devant lui des fonctionnaires qui appliquent tant bien que mal des règlement inapplicables (…) La collaboration s'appelle tricherie. Le groupement s'appelle bande. La vie sociale embryonnaire née aux récréations est combattue en classe: elle gêne. (…) Le maître est accablé de programmes et d'effectifs, prisonnier d'une administration scolaire hiérarchisée et sans souplesse. Ce qu'on exige de lui, la soumission aux programmes. » - F. Oury, J. Pain, Chroniques De L'Ecole Caserne, Maspero, 1972. Extrait.

Certes existent les biais de la famille, des enseignants et de l'établissement (localisation géographique et démographie), mais j'ai eu cette impression parfois que l'égalité scolaire était une illusion (indispensable pourtant) à la reproduction d'une hiérarchisation sociale fondée sur la domination économique et culturelle des classes supérieures. Le système d'enseignement s'appliquant à évaluer les compétences de chaque élève selon les mêmes modalités alors même que les conditions d'acquisition de ces qualités n'existent pas. 
On ne peut pas prendre un éléphant et un écureuil et les évaluer selon leur aptitude à monter à un arbre.

Que faire lorsque l'ordre, le bien passant, la norme et la réussite priment sur la créativité, la déviance, la compréhension de l'échec, le bon sens, l'explication des tabous ?

J'ai vu une prof d'arts plastiques punir de 2h de retenue un élève qui avait fait un dessin de Bin Laden et d'Al Quaïda. Pourquoi refuser ainsi l'explication de l'actualité et vouloir instaurer la pensée normative via une punition ? En est-on au stade du conditionnement Pavlovien ?

J'ai vu un chef d'établissement refuser l'accès aux cours à un élève de 5° car il portait des claquettes. Cet élève avait un pansement au gros orteil droit et le médecin lui avait prescrit de ne pas mettre de chaussure fermée. Nous étions à la mi-juin, il faisait entre 24 et 27°C dehors et l'élève n'avait que 4h de cours dans la matinée. Ce même chef d'établissement s'appliquant à faire un discours en début d'année sur ce qu'il appelait les 3 T « Travail, Tolérance, Tenue ». On autorise l'accès en cours à des filles de 13ans partiellement dénudées (mini short et débardeur ouvert laissant entrevoir les flancs) mais on refuse une paire de claquettes ? Excusez-moi, je n'ai pas vu à quel moment on mettait le bon sens sur le banc de touche !?

Je suis bien conscient cela dit que la critique est facile et qu'il est plus dur de changer des « valeurs » ancrées dans le « bon » fonctionnement social, mais je voulais juste souligner cela.

« Dis pas les mots qui blessent, on préfère pas savoir ce qui nourrit nos faiblesses. À regarder le monde à travers nos nombrils, la vision est étroite, la critique est facile » - Reuno, Les Choses Qui Nous Dérangent

J'ai voulu arrêter ce métier à la fin de la première année, mais victime du syndrome de Stockholm et atteint de l'envie de contribuer un peu plus à l'éducation de certains, je ne fais mes valises que maintenant.
Je mets les voiles et redeviens capitaine de mon propre navire.
J'en ai ma claque de ce cloaque, je vais jouer la fille de l'air, je laisse mes casquettes au vestiaire.

J'aurais voulu appeler cet article « Constatations subjectives au sein du Titanic de Fenouillet » mais l'article est suffisamment pompeux en lui-même.


J'ai deux chats, lui il s'appelle Lumo. C'est un chilleur professionnel. Si cette discipline est un jour reconnue aux Jeux Olympiques, j'ai un futur détenteur de médaille d'or chez mes parents. 

2 commentaires:

  1. A quand l'article sur ton idole, ton modèle, celui qui partage ta vie, ton appartement et ton café ?

    RépondreSupprimer
  2. Sûrement un peu blonde sur les bords, je l'accorde, mais je n'ai pas compris le rapport entre le titre et le texte de cet article. Très belle analyse de l'éducation, je tiens à le souligner.

    RépondreSupprimer